Patrick Coutu - Amers

2023 | PATRICK COUTU
Amers
TORONTO
17 fév - 8 avril 2023
Vernissage: Jeudi 16 fév 2023, 17h - 19h



Blouin Division est heureuse de présenter l'exposition des nouvelles oeuvres de Patrick Coutu. Occupant trois salles de la galerie, Amers comprend à la fois des oeuvres sculpturales, photographiques et bi-dimensionnelles. 

Patrick Coutu s’est beaucoup penché sur le dévoilement des contours mathématiques de ce qui nous entoure, sur la représentation de l’ordre invisible qui régit notre monde. Avec Amers, il nous présente des formes moins déterminées, qui laissent place à une poésie du mouvement, du changement. Cette absence d’exactitude ne réduit pas l’importance des structures sous-jacentes à ce que l’on observe, mais déplace notre attention vers les effets qu’ont ces structures sur nous. En effet, Coutu explore ici en filigrane le rejet de la rationalité du romantisme, qui laisse place à la sensibilité et à l’imagination de celle ou de celui qui regarde. 

À travers Amers, Coutu manie des tensions qui font écho à celles vécues par le sujet face à un paysage naturel. Des œuvres émanent un jeu entre le fragile et le solide, entre l’éphémère et le durable, des dualités qui font référence à des longévités différentes. Les parois rocheuses qu’on décèle dans les Méandres, et qui ne sont en fait que des coulées d’encre qui ont suivi les sillons d’un papier froissé, nous renvoient à une histoire géologique qui n’a pas de commune mesure avec notre histoire individuelle. Les fissures témoignent toutefois d’événements marquants, d’une chronologie perturbée comme l’est la nôtre : une reconnaissance est possible malgré des temporalités éloignées. 

L’immensité de la mer dans les Marines participe également au sublime qui traverse l’exposition et à l’effet qu’il suscite chez le sujet. L'amplitude infinie de l’eau est doublée de l’infinité d’aspects qu’elle peut prendre. La pérennité de la mer côtoie ainsi l’éphémérité de son allure, que Coutu capte par la photographie. Malgré l’objectivité associée à ce procédé, la multiplicité du paysage maritime évoque autant d’impressions distinctes et subjectives que peut éveiller ce même élément aux ondulations fugaces. 

La tension entre turbulence et immobilité est aussi perceptible dans les sculptures, qui prolongent le mouvement caché sous la surface de l’eau, tout en renvoyant à l’ancrage permanent d’éléments déposés sur les fonds marins. Le passage du temps fixe ces figures aux contours étranges, qui n’ont pourtant rien de singulier. En effet, les sculptures sont formées d’objets de plastique de la vie quotidienne qui agissent comme canevas sur lesquels se sont accumulées des gouttelettes de sédiments, agglomérées par gravité. Vibrantes encore de cette force qui les a générées, ces sculptures traduisent à la fois une durée figée et le modelage de la forme par le temps. 

Dans Amers, Patrick Coutu continue son exploration de l’espace, que ce soit celui du paysage ou celui occupé par la sculpture. On y discerne toujours l’ordre qui soutient cet espace et qui influence l’apparence des œuvres, mais le temps devient le réel dénominateur commun de ces dernières. Que ce soit par le processus créatif choisi ou le sujet traité, le temps fait sentir sa présence et ses effets sur nous, alors qu’Amers devient comme un moment de suspension dans lequel on peut déambuler.

-Sophie Pouliot, novembre 2022