PAULA MCLEAN | BOTH/AND/NEITHER/NOR

2024 | PAULA MCLEAN
BOTH/AND/NEITHER/NOR
TORONTO
2 mai - 29 juin 2024


  • OEUVRES

S'inspirant de l'essai "Le Parergon" de Derrida tiré de son livre La vérité en peinture, Paula McLean s'engage dans une exploration photographique et sculpturale du "supplémentaire". Avec des œuvres dont les références sont aussi disparates que le vêtement porté par Marguerite d'Autriche dans une peinture flamande de la Renaissance, un dessin de Mike Kelley et des fragments architecturaux reposant à Guildwood Park, l’exposition  Both/And/Neither/Nor examine la photographie non pas comme un médium fixe, mais comme un médium qui peut assumer de nombreux rôles, formes et déguisements tout en occupant simultanément plusieurs milieux. En utilisant le parergon comme outil et cadre conceptuel, les œuvres de cette exposition sont liées non pas par la spécificité du médium, mais par l'importance et la prépondérance partagées de l'ornemental, du périphérique et du négligé.

Dans son essai, Derrida ressuscite le terme parergon, un mot provenant de la Grèce antique et utilisé plus tard par Kant dans Critique de la raison pure. Dans la troisième Critique, Kant décrit une série d'éléments dans la peinture et la sculpture qui sont considérés comme de simples "suppléments" à l'œuvre elle-même et qui devraient donc être exclus du jugement esthétique. Parmi ces éléments, on peut citer les cadres des tableaux, les draperies fluides des statues figuratives et les colonnades des bâtiments. Il les identifie comme des parerga, des choses qui se trouvent à côté et à l'extérieur de l'ergon (l'œuvre elle-même), mais qui ne lui sont pas totalement intrinsèques. Dans "Le Parergon", Derrida aborde le terme d'une manière plus large et plus étendue, affirmant que le supplément n'est pas seulement un ajout, mais aussi quelque chose qui "supplante", portant en soi la possibilité de la perversion. Fonctionnant comme un remplacement, quelque chose qui remplit un vide ou un manque, le parergon est finalement une qualité variable, ineffable, qui définit et redéfinit continuellement les limites de l'œuvre d'art.

Le concept du parergon sert de cadre pour remettre en question le point de départ et d'arrivée de l'œuvre, en brouillant la distinction entre l'œuvre d'art et son environnement. Both/And/Neither/Nor explore également des moments fugaces, tels que des reflets ou des flashs d'appareil photo, qui perturbent la vue et remettent en question la vision conventionnelle. Inspirée par les idées de l'historien de l'art Georges Didi-Huberman, l'œuvre vise à se libérer des approches analytiques rigides de l'histoire de l'art, en créant des moments énigmatiques qui résistent à une interprétation facile.